Ce blog ne tourne plus désormais que sur mes souvenirs, ces bulles de ma mémoire qui font plof de temps en temps au détour d’une photo jaunie, d’une ritournelle de zik, voire d’un regard sur le soleil couchant. Bien trop archéologie nombrilique. Mes journées de solitude avec cette chipie de Molly ont la saveur du temps qui file, mais pas de quoi remplir une page de blog. Je mets donc ce blog en jachère. L'arrivée des beaux jours nous file un sirop d’la rue effrayant . On est plus occupé à tracer les chemins creux, trempant le bas de mon benouze d’une bande de rosée qui me donne un joli look bicolore, que de rédiger la vie dont on profite à fond.
Je repère les oiseaux grace à Bird.net je les renseigne sur Naturalist en mâchant un brin d’herbe au goût effacé d’anis, ou de zan. J’ai un peu de mal à déterminer le goût , mais je calcule parfaitement le brin, avec sa tête de graminée en obus.
Molly s’occupe aussi des piafs, mais comme application elle utilise son blair, voire des sauts de cabri dans les hautes herbes. Voilà, la jachère s’impose. Les bonheurs simples n’ont pas d’histoires.
Le soleil passe la haie. Il faut que je filtre le kawa du bosco qui va être à l’arrache pour son taf, sinon. @ pluche les gens dématérialisés…
j’ai pas grand chose à raconter de neuf. Je vous ai déjà rencardé sur mes quinze, vingt bornes journalières avec la pépette. C’est comme si on avait repris LA route. Justement en parlant de ‘on ze road’. Avant que ma mémoire ne finisse de s'effilocher, il serait temps que je parle de Jli. Je me demande pourquoi je n'ai pas encore mis ce personnage dans ma galerie de portraits ici. A l’instar de George, Mikko, ou Daniel tous entassés dans mon étiquette ‘rencontre’.. Sûrement parce que, de tous les quidams que j’ai croisé, je pense que c'est un des rares qui m’a impressionné en tant que BONHOMME. J’aime bien ce terme ‘bonhomme’, il n'est plus beaucoup utilisé aujourd’hui. La mode n'est plus aux bonhommes. C’est pourtant un des rares cadors que j’ai rencontré. A cette époque, j'avais touché le fond. M'étais enfui de ma banlieue, ou ma bande de potes viraient psychédélique et mauvais coups. Après ma traversée sur le pouce en long et large du pays, me suis échoué à la chambre d’amour. Le nom avait tapé à l'époque mon mental de puceau romantique. Plus un flèch et l'appétit qu’on peut avoir à seize ans. Des journées assis sur le bord de mer à regarder les traits vif argent d'écumes des surfers sur les vagues de la barre. Et pour subsister, la tournée des campings pour ramasser les consignes de verre. J’ai déjà raconté ça. Je radote, c’est la proximité des septante rugissants. La première fois que je l’ai vu, il arrivait droit sur ma canadienne, que je venais à peine de dézipper après une courte nuit comme on en a à cet âge. Il se mouvait d’une démarche chaloupée déterminée . Une barbe qui masquait sa mâchoire carrée, des épaules de déménageur de pianos et une coupe de douilles auburn au carré tombant sur les épaules et qui ondulait au rythme de son pas chassé. À l'horizontale dans mon tube en nylon, à peine plus large que mon sac de couchage, j’y ai vu un chasseur néandertalien. J'avais deux semaines de retard sur le paiement de l'hébergement de l'auberge de jeunesse. J’avais déjà calculé le keum. Barman de la boîte sous la casbah et un peu vigile de la tribu de jeunes routards interlopes qui peuplaient le lieu. J’avais donc anticipé un échéancier de remboursement de tchatcheur du neuf cube. Mais au bout de deux minutes de discussion, on était raccord. Lui, natif de Sannois, on a donc vite déroulé la partie émergée de nos pedigrees . Il s’est donc créé de suite un lien, qui ne sera pas rompu les années suivantes. Jusqu'à ce que le SN me rattrape six ans plus tard et que nos chemins bifurquent. Tout de suite il me teste en me proposant du taf chez un pote dans une usine de bateaux sur l’adour, à poncer des cabines en résines. Huit heures par jour, la résine me rentre sous la peau et les yeux. Je tiens trois jours. Au final je passe second au bar, car il y a suffisamment de taf pour deux. Voilà comment je suis devenu saisonnier et pote avec JLI. moniteur de ski, de voile et de delta, c'était un monstre de sport. On est devenu potes. On passait du JJ Cale , Schmoll, David Mac Neil, van Morrison et bobby La pointe. Ouh la ! Instant nostalgie. Un jour il est barré dans les mers du sud à convoyer des bateaux entre la calédonie et je sais plus quelle île perdue. J’ai lu ça sur Google dans un entrefilet de presse, quarante ans après, en cherchant ce qu’il était devenu. Moi, comme aventures, j’ai hanté le RERB pendant le même nombre d'années. Il n’y a pas beaucoup de gens qui ont la chance de rencontrer quelqu’un pour leur tendre la main quand ils sont en pleine misère. Il est donc malnor que je le place, ce héros, en bonne position dans mon tag rencontre sur ce journal de bord. En rédigeant cette note, j’ai fait des recherches pour voir ce qu’il advenait de mon saint homme quand même d'une dizaine plus âgé que moi. J’ai trouvé une photo de 2024 d’un vieux monsieur toujours barbu et de sa femme, au pied de leur bateau echoué dans la péninsule d'Eyre, bloqué la dans leur tout du monde. Yep. A première vue le karma fonctionne, un gros camion étant venu charger leur imposant voilier.
@ pluch tient, lui sur le banc à Bidart en septante six , la mer l'a peut être enlevée depuis ce superbe banc, et comme je suis grand prince, son sosie musical en suivant puisqu'on cause beach boys.
J’ai encore somnolé deux heures cet après-midi. Le vent soufflait à me décorner. En sortant de ma vaisselle, [ je suis toujours très opposé au lave-vaisselle,malgré un fort lobbying du bosco ], je me suis allongé sur le canap. J’ai posé le portable, puis mes binocles.
A partir de ce moment, je lutte même plus. Même si le sentiment de perdre mon temps revient en écho, je ferme les yeux et rapidement ma respiration reprend le dessus effaçant ma conscience.
C’est bizarre ce sentiment de perdre mon temps, alors qu’en réalité je n’ai que ça a faire louzer les heures. Je me suis reveillé une fois, mais le soleil et le silence, j’ai pris du rab.
Au réveil j'étais frais comme un pinson et affamé. L'heure du quatre heures de teenager, chocolat noir et tartine de pain beurré. Beurre salé of course. Je me suis fait reprendre par une caissière du supermarket parce que j'avais pris du beurre doux pour faire un toga.
Même pour la pâtisserie on prend du beurre salé !
M'a t'elle lancé. Dont acte.
Après on a fait une virée dans les champs avec momo. La belle Molly n'a pas tarder à percevoir un diminutif. Elle ferait un bon chien à plumes. Elle lève tout ce qui se pense planqué dans le parcours.
Une journée calme donc. Le temps s’y prêtait. J’ai revu ma todo, empilé quelques tâches oubliées . Je n’ai plus le sentiment un peu honteux d’avoir perdu mon temps. Je vais arquer sévère les prochains jours, il me faut préserver le jus qui reste.
Yop ! @+ faut que je popote, tiens pour éplucher les kartofels
Je n’ai pas la tête à traîner sur le net. Deux rayons de soleil et me voilà dehors à bricoler ou errer sur la lande avec miss Molly. Je m'auto déborde avec toute une liste de tâches sagement listées sur mon bloc de flibustier. Celles qui ne sont pas finies le jour attendent le lendemain.
J’ai dégoté dans la bibliothèque du Reup, qui attend sagement son sort dans moult cartons, un livre sur Du Guesclin. Jusqu'à présent, je ne connaissais de lui que l'école privée dans ma ville d’hier, établissement qui fût par la suite lors d'une modernisation et d’un agrandissement conséquent renommé en l'espérance. Pourquoi avoir changé le nom ? Aucune idée. Il fallait sûrement un truc bateau, pour les parents d'élèves, l'espérance que leurs chiards en chient moins qu’eux. Mais je ne vais pas me répandre sur les écoles privées en ce moment, dont je me demande pourquoi nous, je veux dire, l'état en déroute financière, les subventionne toujours. Mais revenons à Bertrand. L'édition est de 1934 un certain M.S Coryn et franchement c'est une pépite.
Je le dévore comme une série moyenâgeuse de haute qualité. Je me demande même pourquoi, à l’heure où on nous pollue de Vikings et autres histoires de l'an mille et des brouettes générées par l’IA, personne ne se soit penché sur le scénario d’enfer de la vie de ce large d'épaules breton. Min-dieux, souvent la réalité dépasse la fiction. Et puis il y a la CHEVALERIE, avec toute la partie honneur et respect de la parole, que cela implique. Avant que ce mot ne soit galvaudé par les gueux ou les infidèles. (Infidèles dont je fais parti, mais le placer c'est fun, très tendance en ce moment, ça remonte mes stats.)
Il y a même un p'tit coté meetoo dans ce tas de feuilles jaunies, avec sa Tiphaine qui contrôle les actions politiques de son Hulk de mari.
Voilà je ne l’ai pas terminé parce qu'avec tout les travaux de printemps qui m’attendent je ne peux, innocemment, rester à bouquiner l'aprèm. Débordé, entre la sortie pain, le jardin qui respire le courlu et la todo liste du Bosco, je n’ai pas deux heures pour m’avachir dans le canapé de la dunette plein sud...
Il me fallait une chute à cette note. Je l'écris donc un mois et deux semaines plus tard. Tout ce temps, pour lire un livre passionnant, moi qui en lisait trois par semaines fut un temps, je suis effrayé par le mot vieillir. Et puis j’ai lu ici ou là. La dégringolade de la lecture.
Je renforce les statistiques sur la chute de ce média chez les vieux dernièrement. Voilà on ne lit plus.
On zappe.
Voilà un mot qui nous ramène fissa au monde d'aujourd'hui, et ses starter-kit. Quoique, entre ce pavé sur le moyen âge et l’affolement de ces derniers temps dans ce que je lis à droite ou à gauche, il y a de curieuses analogies. Comme quoi lire, non rien.
En tous cas si je repasse dans le neuf cube avec un peu de temps, cette fois, j'irai voir la tombe de ce Bertrand, royalement enterré dans la basilique au pied de son roi, prévoyant ce charles, sûrement pour continuer à le servir dans l'au delà.
Voilà pile deux semaines qu’elle est à bord. La belle Molly a chamboulé mon emploi du temps de vieillard. Mais ne brûlons pas les étapes.
La perte de Buck a été un vide immense dans la casbah. Au troisième mois, et bien que nous n’ayons pas libéré les cendres du fils du vent, toujours dans mon coffre sous la dunette, nous avons décidé de reprendre un kien. Bon cette fois-ci pas un chiot, trop de souvenirs. Non, il y a tellement d’animaux malheureux. Un sauvetage nous semble plus adapté. Le fantôme du précédent hante encore chaque recoin du navire.
Nous commençons pendant quelques jours à scroller, mais le déroulé, c’est comme pour Tinder, tu matches dans l’appli, la avec des cœurs, mais niveau feeling y' a rien qui passe.
Entre-temps un entrefilet dans le canard local nous informe que plus de quatre vingt clébards ont été saisis chez un particulier. Nous voilà donc en route vers un refuge du périmètre ou certains ont atterri . Les animaux sont bien traités , mais l’annonce a attiré la moitié de la plèbe du périmètre. On peut se foutre de ma poubelle trentenaire de Beetle, il y a encore des R21 qui circulent.Donc autant de chances d’obtenir un canis pur sang que de gagner à l’heureux-million. Surtout que nous avons un handicap de taille sur le fameux questionnaire d’adoption.
Pas de clôture. Juste une haie. Une personne à temps plein. Un jardin. MAIS :
Pas de clôture . Niet.
Bon, on sort un peu déçu. Du coup je reprends mon scroll et je vois qu’il y a deux de mes coups de cœur à une SPA cette fois ci, mais à cent bornes. Cent bornes de plus. Les pirates n’ont jamais peur de louvoyer, on passe donc par le pont de saint Nazaire. Madame a toujours le vertige. MDR.
On arrive un peu tard. Cela va fermer Sur les deux, l’un est un magnifique setter, qui est en désintox pour un mois minimum, sa maîtresse l'ayant drogué car trop ‘remuant’ en appartement, (et moi qui n’est pas de clôture, smiley) , l'autre une adorable staff toute mimi, mais qui impressionne trop le bosco, elle utilise son véto. Une semaine passe nous tentons en dernier recours la SPA locale perdue au fond des bois. Rebelote avec la sentence :
Pas de clôture. Mais je vais quand même voir les chiens, pendant que le bosco se fight avec un cerbère pour une fois gardien de toutous.
- Je n’irai pas voir les chiens, si je ne peux pas en adopter.
C’est chaud. il y a les cages avec ces yeux partout. Au milieu, une grande cour grillagée ou les chiens se détendent un peu les pattes. Comme toujours les aboiements ici ou là. C’est un passage tendu, tous ces cris. Au milieu de la cour ou tourne une meute hurlante, assise au sommet d’un monticule, elle me regarde.
Juste un regard. Je rentre. Le bosco a terrassé le cerbère et nous sortons avec la chienne au regard. Le courant passe.
Quelques jours plus tard, elle est sur le rafiot. Renommée Molly, elle bouscule ma vie du premier matin où elle se réveille. Me voilà avec vingt bornes par jour. Tout se fait désormais à pied. Évidemment je dors mieux. Elle mange tout ce qu’elle trouve, dépouille mon seau de petits bois et en fout partout. Je ne sais rien de son passé, à part son long séjour au refuge. Elle est marquée trois ans, mais ses dents ne sont pas toutes sorties et la travaillent toujours. Je pense que le véto, vu sa grande taille, s’est fourvoyé. Au regard de comment elle lape dans les caniveaux elle a dû vivre un moment dehors. Comme bibi a son âge. Sinon c’est une crème. Si un chien fonce vers elle en aboyant , beaucoup sont en liberté dans le périmètre, elle le laisse venir, à un mètre se penche sur ses pattes avant, lève son pont arrière, montre ses jolis crocs et lâche un WAAAFF retentissant qui stoppe net le malotru.
Je commence à être un peu long. Une dernière.
Je lui ai acheté un tibia de bœuf pensant que cela l’occuperait plus que les bouts de bois. Je pars me laver, certes je suis un peu long. Y a du taf le matin pour reprendre forme humaine.Je reviens, de l'os, il ne reste qu’un moignon.
Voilà, la reine Molly qui vit désormais sans clôture, une vraie vie de kien.