03 avril, 2014

D'avant, de ceux qui restent et de mon éphémeride

« L'extrême plaisir que nous prenons à parler de nous-mêmes nous doit faire craindre de n'en donner guère a ceux qui nous écoutent. »     
Duc François de La Rochefoucauld

Aujourd'hui ,je commence et termine avec une ligne de mon éphéméride.
Envie de causer un peu d'autres choses. c'est un blog. c'est fait pour ça.

L'autre samedi j'étais à un enterrement.  J'ai été un peu épargné par ce genre de cérémonie depuis un certain temps. L'hécatombe des étoiles filantes date, déjà,de plus de trente ans.
La c'était différent. On rendait un dernier hommage à une grande dame.
La mère d'un pote qui nous avaient tous endurés et plus ou moins nourris nombre de jours libres de notre sauvage enfance.
Une bande de gamins poussiéreux, à trainer du chantier de la A3 à la mare à tritons de Blanc mesnil, toujours affamés, rebelles et dont aucun n'auraient mouftés devant ce petit bout de femme.
On cause souvent de la jeunesse d'aujourd'hui, de son manque de repères.
Moi je trouve que ces oiseaux la étaient autrement plus rebelles et aiguisés. D'ailleurs,le peu qui reste à ce jour est bien la règle de trois qui confirme mon théorème.
Bref je n'avais pas revu nombre de ces loustics depuis soixante dix neuf.
De quoi ravir cette jeune femme croisée à une agence cette semaine ,qui me lâchait en regardant la date de mon permis.
- la chance ! qu'elle époque funky cela devait être ces années la !
- Funky oui, mais non, c'était pas mieux avant, canard.
Loin s'en faut. juste moins médiatique et plus sombre. Enfin par ici.
Mais reprenons. Je suis arrivé en avance. On est pas au taf. Il pleut des cordes en ce début mars. Je calcule la salle et part dans les allées du père Lachaise avec mon pébroc.
Impressionnant ce parc.
Ma toux me rattrape. Le fond de l'air est frais. Je tente un repli vers le radiateur de l'accueil.
Un par un ils arrivent. Des vieux messieurs. Pas encore pliés mais déjà appareillés. gris ou gros.
La bise.
C'est quoi cette nouvelle manie des queums de taper l'accolade.
Y a Coppola dans le coin ?
Il y en a un de papy, je cherche vainement une trace de sa légendaire espièglerie.
Disparue. Enfouie sous les cicatrices ridées.
A par leurs voix inchangées rien ne surnage du passé. 
De parfaits étrangers.
Jusqu'à ce que la discussion démarre sur ces jolis pains aux raisins,sans raisins, qu'elle nous préparait.
La, effectivement un sourire en coin éclaire les visages, Quand on se battaient pour ces bizarres pancakes dorés aux reflets brillants.  Du coup les reparties fusent, le verbe est toujours la, mais comme sous un regard sombre qui hante le couloir, chacun se reprend et se tait en regardant ses pompes.
Arrive Huckleberry, mon binôme d'enfance.
La démarche est toujours chaloupée et l'oiseau n'a guère pris cher. Étonnant comme ceux qui ont perdu le sens commun du réel sont moins marqués physiquement par le temps.
Les historiques tatouages autour de ses yeux ont juste bavé un peu sur les ridules des pattes d'oies.
La poignée de main est franche.
Un regard long. Rien n'a changé. Nous sommes toujours raccord.
Il démarre une diatribe qu'aucun de nous deux n'entend.
Nous sommes avant.
Il y a des gens qu'on du se noyer dans le puits profond de la nostalgie.
La cérémonie passe comme un événement détaché. Physiquement la. Mais tous au dessus, à se fritter avec notre mémoire .
Je m'ésquive sur un dernier signe de la main.
Dehors, il pleut toujours. Mais je tousse plus. Je prend ma photo dans l'allée.
je croise des touristes trempés qui me demande le chemin de la tombe d'Oscar wilde.
No idea ... je savais pas qu'il était la.
je lui pompe la ligne de la fin, tiens, dans mon pratique éphéméride.

« Le seul charme du passé, c'est qu'il est le passé. »


4 commentaires:

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    1. mais non ! sinon j'aurais mis un joli blues à la fin.
      une chose est sûr, la prochaine sera plus rigolote ;.)

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  2. Me voilà pas loin de terminer ma journée de lectures là où je l'avais commencée ce matin. J'aime à parfois retourner sur mes pas.
    Entre temps je suis aussi allé à un enterrement cet après-midi. Le frère d'un de mes collaborateurs, quarante ans ce pauvre gars, un mois de maladie, balayé, rayé du monde des vivants. Bordel ! Ce que je déteste dire au revoir à ceux qui partent. Après, j'en ai pour des jours et des jours à cohabiter avec ma trouille, à avoir une barre glacée dans le dos, à me retourner pour voir si des fois l'autre ne serait pas en avance pour venir me chercher....

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    1. Ha ! elle est toujours en avance...de toute façon.
      je voulais pas coller le bourdon. mais il est clair qu'il n'y a rien de plus inégal qu'elle. je naviguais en vélo hier soir en rentrant de la gare . je m’arrête à un feu rouge.
      arrive un copain de CM2 en spad aussi. mais avec un bien plus beau vélo.
      il se pose à coté. je lui lance :
      - tu t’arrêtes au feu rouge désormais ?
      il sourit et me dit.
      - Parce que tu étais la, et puis on a passé l'age du grand soir ,non ?
      - yep, je répond, profitons du moment pour papoter un peu

      voila, tout est la, profitons du moment ...

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Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..